Enter your email address to create an account or fill form to login on Flickshot.

Login

Reset password


Register

Or sign with Steam or Twitter

Sign in to Flickshot to leave your opinions.

Continue with Google Continue with Steam

Sign up or sign in with email

To use Flickshot you must have cookies enabled. We’ll never post to Twitter or Steam without your permission.

Share
Tuesday 31 October 2017 12:53

Chronique d'Aks : la complexité du business dans l'esport

Cette nuit nos confères de Slingshot ont fermé leurs portes après 2 ans d'articles, chroniques et scoops sur les scènes CS:GO, Dota 2 et League of Legends. Sur le papier ils avaient pourtant tout : des experts de plusieurs scènes (site généraliste, donc grande audience), des articles rédigés en anglais (donc pouvant toucher le monde entier) et une société dynamique et innovante pour promouvoir le travail de la rédaction. Alors... qu'est-ce qui a coincé ?

Sam Delorme, journaliste freelance pour ESPN ou HTCesport a écrit un billet sur l'aventure slingshot dans lequel il tire une sonnette d'alarme : "Ce qui est inquiétant, du moins pour moi, c'est le fait que Slingshot n'ait pas réussi. C'était l'un des sites les plus visités de Counter-Strike, à la fois pour les articles d'investigation et les chroniques. Le fait qu'un site avec autant de succès puisse ne pas s'en sortir - même avec leurs fondateurs ne recevant aucun salaire - devrait sonner l'alarme pour nous tous. Le modèle publicitaire, comme son PDG et beaucoup d'autres l'ont dit dans tous les domaines du journalisme, ne fonctionne pas."

Puis Sam enchaîne avec la solution Patreon : "Le modèle économique via la publicité n'a pas fonctionné et faire payer des abonnements pour accéder au contenu semblait trop risqué, alors la direction a décidé d'essayer Patreon. Quelques heures avant la fermeture du site, ils avaient approximativement 50 patreons (ndlr, le montant n'était pas communiqué). Pourtant nous avons récemment vu un vrai succès avec Patreon, pour le retour de l'émission "By the Numbers". Où Thorin et Richard ont atteint la somme incroyable de $2867 par mois fournie par 467 individus qui souhaitaient supporter le projet - pas mal. Ce succès peut être attribué à l'attachement que l'on peut développer envers un individu, particulièrement si nous le voyons et l'entendons."

Ce point me semble essentiel : miser sur une stratégie de starification de l'individu plutôt que de capitaliser sur une marque semble être la clé de la création d'un business rapide dans notre milieu. La communauté semble s'attacher et rester fidèle à des individus (malekcsgo, Houngoungagne ou WiPR par exemple) plutôt qu'à des marques directement. Dans le cas de Flickshot par exemple, l'engouement autour des infos de neL est juste incroyable... À l'heure où j'écris ces lignes, il a près de 15 000 followers sur Twitter, c'est 4 fois plus que notre compte. Pourtant, à ce jour le grand public ne l'a jamais vu en vidéo, ni même en photo, mais il obtient des infos que personne d'autre n'a donc les gens le suivent lui, pas flickshot. De la même façon, des individus comme binet`, PM ou GoY ont une aura et une affection de la communauté plus grande que les marques qui les embauchent. 

Mais alors, comment capitaliser sur cet aura ? Si on se cantonne aux journalistes, médias et commentateurs :

  • Thorin (213K followers) et Richard Lewis (103K followers) ont réussi avec leur émission "By the Numbers" (rémunérée par youtube et le fameux Patreon) et ils se vendent individuellement en tant qu'experts et analystes pour certains évènements.
  • Anders (189K followers) et Semmler (154K followers) ont capitalisé sur leur duo de folie en créant Roomonfire.tv (39K followers) qui est maintenant le plus gros rassemblement de casters de renom existant (Anders, Semmler, Moses, Ynk, Vendetta, Natu et Metuz), de quoi continuer d'exploiter leur renommée, capitaliser sur une marque et développer un chiffre d'affaires conséquent en ne vendant, non pas seulement leurs deux noms, mais un plateau de commentateurs / hosts complet aux différents évènements.
  • binet, PM,  XTQZZZ ont réussi à en vivre (partiellement au moins) en vendant leur talent et renommée. Quand une chaine a acquis des droits pour tel ou tel évènement, ils font appel à ces talentueux garçons pour les commenter. Sans oublier évidemment Zuper qui travaille  à temps plein avec ESL.
  • Cnd vit maintenant à 100% de l'esport, d'abord en capitalisant sur son duo avec MANU (Cnd&MANU) puis en développant O'Gaming CS. Il a maintenant monté 1pv, chaine consacrée à CS:GO et qui fait appel à d'autres casters.
  • neL dans tout ça ? Si vous voyez cette phrase ici, c'est que je n'ai pas été censuré. Il réussit en à lier passion et travail puisqu'à ce jour il vit de l'esport: tout en continuant à développer Flickshot il remplit des contrats et piges auprès de différentes sociétés qui font appel à lui.
  • Et nous pourrions continuer avec des streamers qui ont parfois une audience tellement large qu'ils sont un média à part entière puisque si C8 réunit jusqu'à 127.000 téléspectateurs lors de la diffusion des EEL, certains youtuber réunissent des centaines de milliers de vues par vidéo ou par semaine.

L'idée est donc que les individus ayant une popularité dans un secteur l'utilisent pour développer un business qui deviendra sûrement plus grand qu'eux, sur le long terme et pas en popularité, mais bien en chiffre d'affaires. Dans les médias cette vision a généré des réussites comme O'Gaming (Pomf et Thud) et dans le journalisme Richard Lewis et Thorin n'ont jamais aussi bien réussi qu'en se vendant en tant qu'individus.

En ce moment à la Paris Game Week :
Houngoungagne à gauche avec Asus Republic of Gamers et 
Zuper à droite avec ESL et Randstad

Crowdfunding, donations, patreon/tipeee ou encore sub, autant de mots qui révèlent le modèle économique des acteurs e-sportifs. Quelques heures de streaming pour un joueur professionnel et ce sont des dizaines de souscription twitch et de donations. Pour les joueurs c'est un complément de revenu, mais pour d'autres il s'agit de leur gagne-pain. 

Si le crowdfunding a des dérives fréquentes (ex. Pyro HQ) les autres méthodes sont claires et précises. Le contenu proposé vous plait ?  Vous pouvez alors récompenser celui qui le propose ! Le mécanisme intellectuel est clair :  celui qui veut donner, peut donner comme il veut par le biais donations ponctuelles ou de donations récurrentes par les souscriptions à une chaine ou encore un paiement mensuel par Patreon ou Tipeee.  

Et à ce jeu-là, c'est encore l'individu qui gagne contre la marque. Les crowdfunding esport ou gaming qui réussissent passent souvent par un youtuber ou streameur connu qui profite de cette méthode pour lancer un nouveau business. Faire une campagne pour une nouvelle marque sans soutien d'un nom connu est presque tout le temps voué à l'échec. 

Concernant les donations ponctuelles ou mensuelles pour récompenser le travail est également pour les marques. Si peu de monde se souvient de la tentative de Vakarm il y a quelques années de faire fonctionner le bouton "donation" vous ne pouvez pas ignorer de la difficulté d'un site comme Wikipedia à réussir à se financer et donc à rester en vie. Nous utilisons tous Wikipedia régulièrement, comme nous lisons tous des médias esport et pourtant nous donnons plus facilement à un youtubeur / streamer qu'à Flickshot, Vakarm ou... Wikipedia. 

Message version wikipedia en haut et Slingshot en bas.

Si nous ne connaîtrons jamais les potentielles erreurs de gestion ou de business model qui peuvent avoir conduit Slingshot à sa perte, par exemple une éventuelle mauvaise gestion des charges, des investissements mal placés, un manque de force commerciale ou encore l'incapacité à faire ressortir sa marque sur Google... Nous pouvons retenir de leur aventure que vouloir lancer "from scratch" un business de journalisme écrit dans l'esport semble un challenge délicat, même a l'international. Des marques historiques détiennent déjà des parts de marché majoritaires et ont souvent des revenus complémentaires: HLTV par exemple vit des publicités sur son site, mais également de la revente de leur base de données de statistiques et d'une chaine youtube dynamique (45k vues par semaine en dehors des éventuelles interviews, coverages ou autres contenus originaux).

Alors? Alors il faut rester positif et mesuré. 

L'échec d'un site, d'un business n'indique pas une mauvaise santé du marché en général. Si demain Vakarm ou HLTV venaient à fermer pour des raisons financières, nous pourrions commencer à nous inquiéter. Et puis, Nelson Mandela a dit une phrase qui m'a toujours beaucoup servi : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends. » Et si nous nous ouvrons tous à apprendre aussi des échecs des autres cela ne peut être que bénéfique. Pour ne citer que Flickshot, nous sommes tous surpris et enchantés des résultats à l'aube de notre premier anniversaire. Il reste beaucoup de travail à accomplir et beaucoup d'idées à concrétiser, mais l'objectif premier reste de développer un nouveau site dédié à CS en France.

Crédit photos : @alec_job via twitter et @houngoungagne via twitter


Aks

CS depuis 1999, j'aime écrire sur le sujet et ce qui l'entoure.