ELEAGUE Major : Preview des équipes Legends
Pour la plupart des équipes, l’ELEAGUE Major Boston 2018 a réellement commencé par la longue et harassante phase de qualification en octobre de l’année dernière. Mais ici, nous allons nous intéresser aux équipes qui joueront leur premier match dans le contexte du Major vendredi, les équipes “Légendes”.
Et déjà une édition particulière, ce Major, puisque l’une des équipes Légendes, 100Thieves, sera absente suite à des problèmes de Visas, et ont laissé leur place à une équipe supplémentaire venant du Challengers Stage. Les équipes Légendes sont donc au nombre de sept seulement cette année. Automatiquement qualifiées pour le New Legends Stage de par leur top 8 au Major, elles vont devoir défendre ce statut à Boston. Certaines comme BIG ou North pour, respectivement, la première et la deuxième fois, et d’autres pour une énième fois de plus, Fnatic ou Virtus pro n’ayant notamment jamais connu les phases de qualifications. Présentations.
Débutons avec les gagnants de l’édition précédente. Si voir Gambit gagner un Major n’était certainement pas ce à quoi le monde de Counter-Strike s’attendait, il faut cependant reconnaître que l’équipe a su se tailler une réputation avant même leur titre à Cracovie. Connu pour avoir été une équipe intraitable sur Cobblestone durant l’hiver et le printemps 2017, Gambit apparaissait malgré tout comme outsider contre n’importe quel gros adversaire, et ce en dépit des quelques victoires ça et là. Gagner le Major a contribué à changer ce point de vue, notamment au regard de leurs victimes dans l’arbre final : Fnatic, Astralis, et Immortals. Mieux, il a permis à Daniil “Zeus” Teslenko de réaliser le but qu’il s’était juré d’atteindre après son départ de Na’Vi, gagner un titre de Major. La suite est connue, départ de Gambit pour retourner chez Na’Vi, et l’équipe kazakhe se retrouvait sans leader.
Un recrutement plus tard, celui de Bektiyar “fitch” Bahytov, l’équipe semblait amoindrie. Mais cela n’a pas empêché les joueurs emmenés par Dauren “AdreN” Kystaubayev de se maintenir à un niveau décent, même si irrégulier. fitch a pu faire ses preuves, et l’on a pu les voir décrocher notamment un top 4 à la DreamHack Masters Malmö, avec des victoires contre Astralis et FaZe. Avec la puissance de feu de fitch et du prodige kazakh Abay “h0bbit“ Khassenov, ainsi que l’expérience d’AdreN et Rustem "mou" Telepov, Gambit reste une équipe à ne pas sous-estimer, même après le départ de Zeus.
L’équipe numéro une se pointe au Major avec le même problème que Team Liquid, à savoir l’interdiction pour Ricardo “boltz” Prass, leur cinquième joueur, de participer pour SK Gaming du fait de son appartenance à Immortals après la date de verrouillage des rosters. Mais là où Team Liquid a dû faire appel à son coach, SK Gaming peut compter sur la présence de João “felps” Vasconcellos, ancien membre justement remplacé par boltz, pour compléter leur lineup. Si la coordination ne sera peut être pas aussi huilée que si boltz avait participé, felps a joué pendant la majeure partie de 2017 avec SK Gaming, et sera en terrain relativement connu. Malgré leur situation, ils sont toujours l’une des meilleures équipes au monde.
Ils ont déjà montré que jouer avec un remplaçant ne change pas vraiment ce fait, d’abord à l’ELEAGUE Major en 2017, qu’ils ont entrepris avec Ricardo “fox” Pacheco et terminé dans le dernier carré de manière plus qu’honorable. Plus récemment, ils ont gagné l’EPICENTER 2018 alors que boltz, pas encore officiellement signé, venait de rejoindre l’équipe, et avec seulement une poignée de jours ensemble. Le seul point d’ombre reste le fait que la période “felps” n’a pas été la meilleure pour les mastodontes brésiliens. Il ne faut pas se leurrer cependant, avec le meilleur joueur du monde Marcelo “coldzera” David, l’un des meilleurs ouvreurs Fernando “fer” Alvarenga, et Gabriel “FalleN” Toledo, l’un des meilleurs snipers et leaders, SK Gaming n’a en réalité pas réellement besoin de trouver un joueur d’exception en tant que remplaçant pour leur permettre de briller et d’atteindre les plus hauts échelons de ce Major.
Encore un Major pour Virtus pro, et encore une période pré-Major où personne n’est capable de dire ce que les Polonais vont nous montrer. La période qui démarre après leur victoire à la DreamHack Masters Las Vegas a probablement été leur pire depuis l’assemblage de cette équipe. Certes, ils ont pu décrocher un top 4 à Cracovie, et réaliser en fin d’année un parcours fantastique à l’EPICENTER, qu’ils ont terminé en finale contre SK Gaming pour l’un des plus beaux matches de l’année, un Bo5 explosif et serré, qui a vu les Brésiliens triompher, mais au terme de cinq maps et trois overtimes en tout. À côté de ce résultat, on trouve, de manière inexplicable, une défaite face à Renegades en finale de la StarLadder i-League Invitational 2, ou encore une incapacité à passer leur groupe des finales WESG Europe avec une égalité et trois défaites.
L’année passée a été l’occasion d’apercevoir de temps en temps l’intérieur de la machine polonaise, et, chose rare, notamment les rouages qui coincent, lorsque Janusz “Snax” Pogorzelski a rendu publique son mécontentement sur la façon dont s’organisait l’équipe. Celui qui était encore considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde au début de l’année 2017 avait des mots assez durs sur la vision du lead in-game au sein de l’équipe. Si cela dépeint une image peu reluisante, Virtus pro n’a pour l’instant jamais déçu en Major. Les Polonais ont toujours trouvé une solution pour montrer leur meilleur niveau, ou en tout cas un niveau bien supérieur à leur forme du moment, quand les enjeux sont au plus haut. Cela veut-il dire que nous verrons une version de VP complètement différente de leur forme actuelle ? Impossible à dire, et cela en deviendrait presque une religion. Il ne s’agit plus tellement de pouvoir prédire si oui ou non Virtus pro va passer les poules du Major, mais d’y croire, ou pas.
Le nom suédois légendaire est de retour pour le douzième Major, et leur douzième Major. Une présence sans faute pour l’instant pour l’équipe qui a dominé Counter-Strike en 2015 et durant la première moitié de 2016 avant que les soucis n’apparaissent. Si l'équipe à participé à tous les Majors depuis l'apparition du circuit, il ne reste que deux rescapés depuis la DreamHack 2013, Jesper “JW” Wecksell et Robin “flusha” Rönnquist, auxquels on peut ajouter de leur période dominante un Freddy “KRiMZ” Johansson qui a repris du poil de la bête après son retour au sein de la lineup fin 2016. Après le Major de Cracovie cependant, Olof ”olofmeister” Kajbjer est parti de son côté rejoindre l’équipe de superstars FaZe, tandis que Dennis “dennis” Edman a intégré GODSENT. Pour les remplacer, Fnatic a récupéré Jonas “Lekr0” Olofsson en échange de dennis, et fait appel à Maikil “Golden” Selim, issu de leur équipe Academy.
Si ces changements semblaient condamner l’équipe à un déclin significatif, force est de constater que ce ne fut pas aussi brutal que prévu. Le changement est intervenu avant la reprise des deux grosses ligues online, l’ESL Pro League et les Esports Championship Series, que Fnatic a immédiatement pris d’assaut pour finir première des deux pour la partie online. Ils ne se sont d’ailleurs pas arrêtés là, et ont réalisé une belle conversion en offline en passant les groupes pour les deux phases finales de ces ligues. Ils ont ainsi démontré que leur forme online pouvait se traduire décemment en LAN, où ils furent stoppés dans les deux cas par FaZe. Si cela n’en fait pas une équipe indomptable, il faut tout de même leur reconnaître un certain niveau qui pourrait faire du dégât à Boston, même si des équipes comme FaZe, SK ou même Astralis restent relativement hors de leur portée en théorie. Ils devront tout de même composer avec le manque d’expérience à un aussi haut niveau de leur leader, Golden, et devront se dépasser pour atteindre les derniers rounds de la compétition.
Après quelques semaines de doute, l’équipe danoise a finalement pu confirmer que Nicolai “dev1ce” Reedtz participerait bien au Major, alors que la jeune star luttait avec des problèmes de santé jusque récemment. Obligé de jouer avec Ruben “RUBINO” Villarroel ou dennis pour certains tournois, Astralis a tout de même effectué durant la deuxième moitié de 2017 une saison dans la continuité de ce à quoi ils nous ont habitués. Lukas “gla1ve “ Rossander et ses coéquipiers ont régulièrement trusté les top 4 dans la grande majorité de leurs tournois, une performance à saluer au regard des problèmes médicaux de dev1ce. Finir en finale des BLAST Pro Series, ou encore en demi-finales des ECS Saison 4 avec un remplaçant représente un tour de force pour Astralis, qui a admirablement bien maintenu son niveau durant cette période mouvementée.
Cependant, on peut se demander à quelles performances on pourra s’attendre de dev1ce lors de son retour au sein de la lineup, pour le premier tournoi depuis novembre. On sait d'ores et déjà qu'ils ont ajusté leurs roles, en passant Peter "dupreeh" Rothmann sur le fusil vert, et dev1ce à un role de lurker. Si les choses se passent normalement, on peut s’attendre à une performance classique d’Astralis, qui verrait les Danois rejoindre au moins les quarts, voire les demi-finales du Major.
BIG découvre pour la première fois ce qu’est le statut “Légende” et le fait de ne pas avoir à entreprendre la longue course d’endurance qu’est la qualification au Major. Même si certains de ses joueurs sont des vétérans du circuit, voir de Counter-Strike et même 1.6 comme c’est le cas pour Fatih “gob b” Dayik, l’équipe n’est légende que depuis Cracovie 2017, et pour Kevin “keev” Bartholomäus et Johannes “tabseN“ Wodarz, l’ELEAGUE Boston ne sera que leur second et troisième Major respectivement. Seul Johannes "nex" Maget a déjà atteint les phases finales d’un Major, et cela remonte à l’ESL Katowice 2015, avec PENTA à l’époque.
Ils risquent de découvrir également que défendre ce statut peut être très ardu, alors qu’ils représentent l’équipe “Légende” la moins bien cotée, et même au sein des seize équipes des poules, ils sont loin d’être parmi les favoris pour atteindre les quarts de finale. Lors du dernier Major, BIG avait créé la polémique avec le tristement célèbre abus du crouch-jump. BIG ne s’était pas privé pour utiliser ce bug, ce qui avait entaché la réputation de l’équipe et diminué aux yeux du public la performance qu’ils avaient réalisé en accédant au statut de Légende. Avec du recul, cette polémique était quelque peu exagérée, et leur performance ne tenait pas seulement à cet abus. Un duo tabseN - nex absolument monstrueux s’était défoulé sur tous leurs adversaires lors des phases de poules, et avait significativement contribué à leur réussite contre FaZe, Cloud9 et SK Gaming. La période qui a suivi le Major fut moins reluisante cependant, et BIG n’est pas parvenu à maintenir une régularité ou un niveau aussi bon par la suite. L’équipe allemande a été principalement une habituée des DreamHacks Open, pas vraiment des plus prestigieux tournois où elle a rarement réussi à se qualifier, et encore moins briller. Leur entrée dans la grande arène cette semaine risque d’être douloureuse.
Les Danois de North sont relativement peu habitués des arbres de Majors, et ne sont Légendes que pour la seconde fois. Si 2017 fut l’année où ils ont pu cimenter leur position en tant qu’équipe du top 10, après leur explosion à haut niveau fin 2016 avec leur victoire au premier EPICENTER, sous les couleurs de Dignitas à l’époque, cela n’a pas été sans heurts. Après le départ de RUBINO en février, remplacé par Philip “aizy” Aistrup, North s’est séparé de Emil “Magisk” Reif en août, après Cracovie, pour récupérer Valdemar “valde” Bjørn. Sur le papier, l’équipe est solide, presque terrifiante. Mathias “MSL “ Lauridsen a prouvé qu’il pouvait utiliser correctement ses joueurs, au sein d’une structure bien définie et efficace. Et ses joueurs, bien utilisés, peuvent rivaliser avec les meilleurs sans problèmes. Le visage de cette équipe, c’est Kristian “k0nfig” Wienecke. Le jeune Danois fougueux peut être caractérisé par une incroyable confiance en soi, couplé à une excellente précision, faisant de lui un ouvreur de renom. Si le public français se souviendra de lui pour son trash talk envers G2, il ne faut pas oublier que cette confiance en soi n’est pas que de l’esbroufe, mais l’un des moteurs propulsant North, et joue pleinement dans le système de MSL, au sein duquel “structuré” n’est pas incompatible avec “agressif”, et il ne se prive justement pas d’utiliser l'agression amplement, en attaque comme en défense.
En pratique cependant, North ne parvient pas à atteindre cette régularité qui ferait d’eux une équipe dominante. Perdant face à des adversaires pour lesquels ils ne devraient même pas suer, North a pourtant réussi plusieurs fois à rivaliser ou même battre certaines des plus grosses équipes. À la DreamHack Masters Malmö, ils ne s’inclinent que face à G2 après avoir battu en Bo3 SK Gaming et les deux récents finalistes du PGL Major, Gambit et Immortals. Aux BLAST Pro Series, ils parviennent également à surmonter FaZe. Signes inquiétants cependant, leur récente performance à l’ESL Pro League où ils s’inclinent face à Misfits et NRG, montrant que si leurs Bo3 peuvent rivaliser avec les grands, leur compétence en Bo1 reste encore fragile. Au seuil d’un groupe ou trois Bo1 sont nécessaires pour avancer, on peut légitimement douter de North, une fois de plus.