EEL : Alexandre Balkany : "C8 investit sur le long terme dans l'esport"
Après l'interview de la présentatrice Capucine Anav hier, nous vous présentons aujourd'hui une nouvelle interview faite lors du premier jour d'enregistrement de l'E-Sports European League. Nous rencontrons aujourd'hui le producteur Alexandre Balkany (fils de) qui nous parle du projet de cette émission diffusée sur la chaîne C8, expliquant le fonctionnement en coulisse, les critiques, mais également des projets de C8 vis-à-vis de l'esport et bien d'autres. D'autres interviews arriveront très prochainement. Enjoy !
Interview par Binet, avec Alexandre sur place. Merci à Ragnarork pour la transcription |
Je suis donc avec Alexandre. Tu es donc producteur de l’émission. Est-ce que tu peux te présenter un petit peu et expliquer ton rôle dans l’émission ? Bonjour Binet. Eh bien le rôle du producteur c’est un peu le rôle du chef d’orchestre. Mon rôle c’est de faire en sorte que tous les départements soient bien accordés et arrivent à faire une émission de télé de qualité. Donc mon rôle c’est de faire en sorte, d’un côté d’organiser le tournoi avec Pierre Leplat qui est donc notre organisateur de tournoi et puis nos commentateurs, Manu et François. Et après tout ce qui concerne les admins serveur et les admins tournoi. Donc ça c’est vraiment le côté esport, le côté organisation propre du tournoi. On a une super équipe et ça se passe super bien. Pour nous c’est nouveau, pour moi c’est assez nouveau donc c’est génial de rencontrer ces gens qui font partie d’une communauté, qui ont leur expertise. Et puis d’apporter aussi le côté plus production, télé. La réalisation, la production, l’organisation de l’émission, le regard de la chaîne, voilà. Ça c’est mon rôle. Depuis combien de temps fais-tu cela ? Ça fait 14 ans que je fais de la télé. J’ai démarré chez AB Productions. Ensuite j’avais monté une société de production qui était spécialisée dans le poker. J’ai produis pendant très longtemps l’European Poker Tour, les émissions de poker sur NRJ12, sur Canal+. Sur Direct 8, puisque c’était ma première émission en fait. C’est un peu ce qui est marrant, c’est que ma première émission c’était Direct Poker, qui était diffusée le dimanche soir à minuit. Ça a démarré en 2004, donc c’était au tout début de Direct 8. Et donc 15 ans après on fait une émission de jeux vidéo qui sera exactement à la même horaire et le même jour. De l’esport, du jeu vidéo à la télé c’est presque une première. On en a vu un peu avec TBS qui a fait l’ELEAGUE sur la télé américaine. C’est vachement ambitieux comme projet, il y’a beaucoup d’engouement derrière, beaucoup de joueurs. Est-ce que c’est un défi cool pour toi ? Moi je trouve ça très cool, d’abord parce que j’adore le jeu vidéo. Je ne suis pas un très bon joueur c’est sur, mais j’avais organisé les World Cyber Games en 2001, en France [NLDR: en réalité, 2002 et 2003]. Donc c’est quelque chose que j’ai toujours regardé, j’adore ça. Est-ce que c’est un défi ? Oui parce que chaque émission est un défi, chaque émission c’est toujours se remettre en question, surtout avec un nouveau concept. L’esport, c’est vrai que l’ELEAGUE c’est formidable ce qu’ils font, ils ont des très très gros budgets. C’est produit par Turner, qui est la maison mère de TBS qui est la chaîne sur laquelle ils diffusent, avec d’énormes moyens, des avant-plateaux. Donc forcément, ça met la barre haute. Nous avec nos petits moyens on s’efforce de faire ce qu’on peut, mais je pense que ça a l’air de marcher, et je pense que ça sera un beau produit pour le téléspectateur. Tu m’as parlé de ton rôle de ton chef d’orchestre. Tu diriges un peu tout le monde derrière. Tu as mentionné Pierre, “Ptikrazy” dans le milieu, ainsi que François, “Cnd”, et Manu. Capucine qui présente l’émission, les joueurs… Est-ce que tu gères un peu derrière, tu leur dis quoi faire ? Comment ça fonctionne avec eux ? Écoute c’était une belle rencontre d’abord, François et Manu, Pierre également. Ce sont des gens que j’ai rencontré il y a très peu de temps, l’émission s’est montée en trois semaines. Super rencontres. Je leur ai fait confiance, ils m’ont fait confiance. C’est vrai qu’au début, quand on est arrivé avec une idée de faire du jeu vidéo, de l’esport sur C8, avec Capucine Anav, ça a un peu fait peur à tout le monde. Tout le monde s’est dit “on va prendre ça un peu à la rigolade, ça ne va pas être une bonne image pour l’esport”. Et puis finalement je leur ai expliqué quel était notre projet réellement, ce qu’on voulait faire. Alexandre Balkany, le producteur de l'émission Et puis ce n’était pas du CS en plus au début ? C’était pas du CS au début, ça devait être un jeu de foot [NDLR: sur Pro Evolution Soccer], il y a eu quelques histoires de droit. On a toujours eu la volonté de faire CS. À l’origine il devait y avoir trois jeux par émission. Et puis en discutant avec les différents spécialistes, on s’est rendu compte que ça allait être très compliqué à faire. D’un en production, de deux en diffusion, assez compliqué à comprendre. Après avec Capucine je pense que c’est une fille super sympathique, qui fait très bien son job. Finalement tout ce petit monde, je trouve que ça se passe assez bien. Tout le monde en tout cas est très motivé, ne compte pas ses heures, et c’est formidable. Franchement on s’éclate, aujourd’hui était une super journée. Les côtés un petit contraignants, est-ce que ce n’est pas trop dur de faire du Counter-Strike avec le climat actuel en France ? Comment ont réagi, par exemple C8, par rapport à cette émission, le fait que ce soit diffusé assez tard, un dimanche ? Est-ce qu’il y a des contraintes dues à ce que représente Counter-Strike, qui est quand même un jeu avec des terroristes contre des anti-terroristes ? Clairement, c’est vrai que.. Tout d’abord Counter-Strike est un jeu PG16, donc interdit aux moins de 16 ans en France, et moins de 18 ans dans pas mal de pays européen, et dans pas mal d’autres pays. Donc c’est vrai que la décision de C8 d’avoir accepté de mettre à l’antenne ce jeu, c’est déjà formidable. Déjà de croire en l’esport, je trouve que c’est formidable. Moi j’y crois énormément, je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes regardent des programmes ou du contenu sur internet qu’ils ne trouvent pas en télé. Donc aujourd’hui la démarche de C8 c’est de dire que nous on va proposer sur nos antennes un rendez-vous pour les fans d’esport qui au final aujourd’hui ne regardent du contenu que sur internet. Donc je trouve que la démarche est formidable. Après Counter-Strike est-ce que c’est un jeu de terroristes et d’anti-terroristes ? Pour moi c’est surtout un jeu de stratégie. C’est un jeu de combat bien sur, mais ça reste un jeu de stratégie en équipe. C’est ce que je trouve vraiment intéressant pour la télévision, c’est ce côté là. D’ailleurs tu as pu voir qu’on a mis en place un système où l’on peut écouter les communications des joueurs, ce qu’on met en avant durant le programme à certains moment. C’est une première que tu nous dis là, parce que c’était pas forcément connu de tout le monde. Ça peut être très intéressant, c’est quelque chose qui est vachement demandé par pas mal de spectateurs parce que ça apporte vraiment un truc en plus. Nous vraiment c’est ce que l’on cherche. Ce qu’on cherche vraiment in fine c’est à montrer que ce n’est pas uniquement cinq joueurs derrière un écran qui cliquent super vite. C’est qu’en fait il y a aussi un travail d’équipe, de la communication, et en fait on se rend compte que les meilleurs équipes sont celles qui communiquent le mieux et qui sont le plus homogène. Donc c’est ça que je trouve intéressant. Après ça reste un jeu de combat, mais il y a des films d’action, de combat… donc bon aujourd’hui je pense que les gens sont capable de faire la part des choses entre le virtuel, la télévision, et puis la réalité. Justement, tu as parlé de l’émission et du projet, quel va être le projet à long terme de cette émission, le projet esport ? Est-ce qu’il y aura d’autres émissions ? C’est quoi l’objectif de C8 avec ce premier test ? L’objectif de C8 c’est de créer un rendez-vous sur leur chaîne, un rendez-vous hebdomadaire pour les fans d’esport, et sur le long terme. Aujourd’hui on sera à l’antenne pendant au minimum une année. Il n’y a pas de clauses d’audience, c’est assez formidable et ça c’est assez rarissime en télé, c’est à dire que C8 investit dans l’esport sur le long terme. Donc ça c’est formidable, c’est vraiment très très rare et c’est formidable. Après nous en tant qu’organisateurs de l’European Esport League, le but est de faire grossir la ligue, de proposer peut être différent jeux, d’autres jeux, plus d’équipes, plus de cash prizes. Bien sur on est à la recherche de sponsors, de partenaires qui viendraient nous aider à pouvoir proposer un spectacle encore plus important, et surtout des conditions de jeu encore meilleures pour les joueurs. On l’a vu oui, tout le matériel vient d’HP. Aujourd’hui HP a participé, il y a G-Lab, Valve, il y a Gameloft puisque l’on va faire une exhibition, dans la première émission, de leur dernier jeu qui va sortir le 27 Septembre, j’ai oublié le nom. C’est un FPS multijoueur sur téléphone. Donc on est très ouvert, c’est quelque chose qu’on découvre aussi, et plus on est de fous plus on s’amuse, donc c’est cool. Donc concrètement c’est un projet sur lequel C8 mise ou en tout cas peut miser, et tu te fais plaisir. Oui on se fait plaisir et puis surtout la ligue a vocation à être diffusée en dehors de la France, puisqu’en fait l’émission sera distribuée par le groupe Banijay. Le groupe Banijay c’est le troisième groupe de production audiovisuelle mondial, et donc c’est un programme qu’on va proposer et diffuser dans d’autres pays européen, avec des commentateurs locaux et une adaptation. Des teams locales ? Non, non ! le programme tel quel restera avec ses joueurs, c’est pour ça qu’on a une équipe danoise. On a essentiellement des Français, c’est tourné à Paris… C’était la première, peut-être difficile de trouver d’autres équipes. C’est vrai que “Esport European” mais avec cinq équipes françaises… C’est le début de la ligue, elle est tournée à Paris aujourd’hui, elle peut être tournée dans d’autres pays européen, et on peut déjà annoncer qu’il y aura une saison 2 qui sera diffusée. Deux choses à savoir dans la saison 2, on aura certainement plus d’équipes, on va essayer d’inviter plus d’équipes européennes, des équipes peut être plus performantes. Et puis il y aura aussi la possibilité de se qualifier sur les serveurs CS, donc en ligne. Et donc on aura des équipes qui viendront et qui sortiront de qualifications. Ce sont deux petites choses qu’on va intégrer dès la saison 2. Avec plus de temps et plus de moyens pour organiser tout ça ? On espère qu’on aura plus de moyens, on espère avoir plus de diffuseurs internationaux. C’est le début d’une belle histoire, on va y aller petit à petit, pas la peine de se précipiter non plus. On y va avec nos moyens et on veut s’amuser. L’idée c’est pas de faire une machine de guerre. Là justement c’est le premier jour de tournage, ça se passe comment pour l’instant ? Ça se passe bien ! Pour être très honnête, comme tu le sais, on a eu quelques problèmes de câbles. C’est à dire qu’avec tout ce qu’on a, avec tous les moyens qu’on a quand même, avec tous les experts dans tous les domaines, et des gens formidables puisque mes équipes sont des équipes qui sont depuis 20 ans dans le métier de la télévision... c’est vrai que ç’aurait été compliqué sans avoir autant d’expertise dans tous les secteurs, ce qui a fait qu’ils ont quand même réussi à sortir deux premières émissions qui sont je pense de bonne qualité. Voilà on est jamais à l’abri de petits problèmes techniques, ça s’est réglé assez rapidement. Un petit peu de stress au départ, c’est toujours comme ça la télé, toujours un petit peu long au départ. Mais je suis assez confiant, tout ça se fait dans la bonne humeur donc finalement c’est le plus important. Il y a une bonne ambiance, et puis les joueurs s’éclatent, nous on s’éclate, on fait le métier qu’on adore donc c’est génial. Justement pour avoir ton opinion après 15 ans de télé, tes recommandations sur ce programme, toi qui a du coup l’apport TV à ce que l’esport produit, quelles seraient tes recommandations, tes trucs que tu ajouterais en plus, et ce que tu trouves que dans cette émission il y a, que les autres ne pourraient pas avoir ? On essaye d’amener un peu notre vision, notre expertise en télé. On a parlé notamment des petits détails qui font la différence, on a parlé d’écouter les joueurs qui se parlent entre eux pendant la partie ou avant, pour avoir un peu plus d’informations sur leurs stratégies. On a pas mal d’idées qu’on va tenter de mettre en place. Après l’avantage d’être sur un plateau télé et pas dans un événement ça nous laisse plus de marge de manoeuvre, plus de choses. Je pense qu’il y a énormément de choses à faire. Je suis déjà très impressionné, honnêtement, par tous les tournois et l’organisation de ces tournois. Je suis fan d’esport donc je suis très impressionné par ESL, par la Paris Games Week, par ce qui se fait même sur le web, les différentes chaînes sur Twitch. C’est souvent fait avec très peu de budget. Tu joues à quels jeux actuellement ? J’aimais bien jouer à “Counter”, maintenant j’ai des fils de 10 ans et 6 ans alors je joue avec eux à des jeux, ils adorent la Wii, c’est normal ils sont jeunes. Mais bon, c’est vrai que j’ai toujours joué à Counter en fait, à CS comme on dit. Nous on disait “Counter” à l’époque. Malheureusement je n’ai plus trop le temps de jouer, comme tu le vois les journées sont longues, et puis avec les enfants... C’est bien tu as le background gamer ! Eh bien je te remercie, je vais te laisser finir, si t’as des remerciement ou si tu veux faire coucou ! Là on est sur Flickshot, un site communautaire de Counter-Strike, donc tu peux leur faire passer un petit message. Eh bien un grand salut à toute la communauté, et on espère vous voir surtout pour les prochains tournages, parce que tout d’abord les tournages sont ouverts au public, c’est important de le dire. Donc voilà, il ne faut pas hésiter — on tiendra la communauté au courant — de venir nous voir, parce que c’est une super journée, je pense que c’est cool pour tout le monde, et notamment pour les spectateurs. De découvrir aussi l’envers du décor d’un plateau de télé, et surtout quand on est fan de CS, ça permet de faire les deux en même temps. Eh bien merci Alexandre ! Merci à toi |