kuben : "Nous avons déjà oublié comment gagner les grands matchs"
Nous sommes à Katowice avec Jakub "kuben" Gurczyński, des Virtus pro, qui ont malheureusement fini leur tournoi après deux défaites. Tout d'abord, c'est seulement le second tournoi de Virtus pro avec cette line-up. Quelles étaient les attentes au début de ce tournoi ?
Nos attentes étaient assez élevées. En entrainement, nous jouions vraiment bien et nous avions complètement changé notre approche du jeu. Nous étions vraiment en confiance et on s'attendait à atteindre l'arbre dans les deux tournois [Ndlr: IEM Katowice et StarLadder StarSeries 4], on pensait que l'on pouvait gagner l'un des deux. Mais la réalité en a décidé autrement... nous avons des problèmes depuis longtemps et être en confiance sur internet n'est rien comparé à être en confiance en LAN. On est stressé, on pense à la possibilité de perdre la game, de perdre le round. Nous n'avons pas eu assez de matchs sur scène je dirais, et c'est une raison, même si nous sommes des joueurs très expérimentés. Nous oublions parfois, voire nous avons déjà oublié comment gagner les grands matchs, mais aussi les rounds importants.
Vous avez bien évidemment été au coeur de l'actualité récemment avec l'un des changements de joueurs les plus importants de l'histoire de CS:GO avec le départ de TaZ et l'arrivée de MICHU. Est-ce que remplacer TaZ fut une décision venant de lui, des joueurs, de l'organisation ? De plusieurs acteurs ?
La seule réponse que je peux vous donner est que ce n'était pas une décision spontanée. Nous discutions de cela depuis plusieurs mois déjà, et la décision a été prise, je ne peux pas vous en dire plus sur le fonctionnement interne de l'équipe.
C'est compréhensible. Pour continuer sur ce sujet, si tu peux développer un peu au sujet de ce procédé, y avait-il une quelconque forme de pression, venant de vous ou de l'organisation, pour faire fonctionner le plus longtemps possible ce roster, étant donné qu'il fait partie de l'identité de Virtus pro, "l'équipe qui n'a pas fait de changements" ? Y'avait-il une quelconque pression de la forme "Ok, on va essayer de faire marcher ça encore un peu" ?
Bien évidemment, nous avons discuté de cela en interne avec notre management. En termes d'image de marque, je dirais que ce n'était pas un bon changement. Parce que garder la même équipe pendant quinze ans par exemple serait une formidable histoire, légendaire. Mais ce qu'il faut comprendre, et que tout le monde doit comprendre, c'est que les carrières de joueurs pro ne durent pas quinze ou vingt ans. On ne sait pas vraiment encore, mais le joueur le plus âgé de la scène était Taz, à 32 ans. Personne ne sait jusqu'où on peut aller, et tout particulièrement les jeunes joueurs... Il ne faut pas considérer que ce sera forcément le cas, mais on ne veut pas qu'ils gâchent leurs carrières en étant seulement une marque, sans gagner des tournois. On veut toujours gagner et c'est pour ça que le changement a été effectué.
Vous avez donc amené MICHU, de chez Kinguin, pour remplacer TaZ. Comment l'équipe s'est-elle débrouillée avec lui jusqu'ici ?
Pour le moment, il est toujours en prêt. Nous allons soit considérer un rachat, soit tester un autre joueur. Il le sait lui-même. On a encore quelques jours pour discuter, j'ai quelques réunions aujourd'hui également, mais cela s'est très bien passé. J'ai très souvent parlé de lui à mes joueurs, l'ayant rencontré plusieurs fois, et du fait qu'il ait également joué comme remplaçant deux fois pour nous. Même s'il n'a que 21 ans, il est très mature, c'est quelqu'un d'intelligent et de très compétent. C'est le parfait exemple d'un joueur qui devient pro et rejoint une équipe du top. Il est très motivé, est un très bon joueur et une personne très sympathique.
Image copyright HLTV.org
Si l'on parle de la scène polonaise, en dehors de Virtus pro, il y'a quelques équipes polonaises qui se sont fait remarquer, eBettle ou Kinguin par exemple. Mais récemment l'attention s'est portée sur les petits nouveaux d'AGO. Est-ce que tu as pu les suivre ? Est-ce que tu penses qu'ils pourront élargir la scène polonaise au plus haut niveau aux côtés de Virtus pro ?
Je n'ai jamais vraiment suivi la scène polonaise plus que ça, parce que je n'ai jamais eu de raisons de le faire. Je suis le coach de VP et nous n'avons jamais eu à chercher de remplaçant par le passé. Je sais qu'il y'a quelques équipes, telle que Venatores qui s'est qualifiée pour cet évènement à Budapest [Ndlr: le V4 Future Sports Festival]. Je dirais qu'aujourd'hui, il y'a un tas d'endroits pour jouer, Faceit, RankS, ESEA, il y'a plein d'endroits où ils peuvent s'améliorer. Sur le sujet de la connaissance du jeu, il y'a plein de vidéos sur Youtube maintenant. A mon époque, quand nous étions en train de devenir des joueurs professionnels, nous devions faire attention à tous les pas que nous faisions, parce qu'on pouvait soit aller dans la bonne direction, soit dans la mauvaise. Il fallait que nous choisissions toujours les bonnes portes. Peu d'entre nous sont restés au top sur une aussi longue période. Pour ces jeunes joueurs, s'ils jouent à CS en compétition et échouent, ils peuvent toujours choisir de jouer à PUBG. Et ils sont encore jeunes, ils ont beaucoup de choix, d'opportunités.
Terminons, quel futur maintenant pour VP ?
Nous allons rentrer puis nous avons des matches online sur ESEA, Faceit avec les ECS, nous irons à Budapest dans trois semaines. Pour le moment, nous devons participer aux qualifications pour tous les tournois, étant donné à quel point nous avons chuté dans le classement HLTV. Donc nous verrons.
Est-ce que la remontée sera difficile ?
On verra si c'est difficile. Si nous jouons bien de la façon dont nous voulons, ce sera facile de revenir. Personne ne dit que cela le sera, mais je pense que ça le devrait.
Cela devrait rassurer les fans de Virtus pro inquiets après les deux derniers tournois.
Exactement !